Dans la continuité de mon précédent article (Alcool et prévention : contexte historique), je vous propose à présent d’aborder la place des associations d’entraide.
Les associations d’entraide en France
L’apparition en France des associations d’entraide remonte chronologiquement, après Croix Bleue en 1877, à 1910 avec Croix d’Or (actuellement Alcool Assistance), puis 1952 avec Vie Libre, 1960 avec la création du premier groupe des Alcooliques Anonymes, 1964 avec Fédération Nationale des Amis de la Santé, 1966 avec Joie et Santé, aujourd’hui FNJS Alcool Ecoute, et 1978 avec FITPAT, née du groupement de six associations professionnelles et qui en compte quinze aujourd’hui.
Malgré la diversité de leurs origines et de leurs sensibilités religieuses, laïques, humanitaires ou sociales, ces associations se rejoignent dans un message convergent pour affirmer l’incontournable nécessité d’une abstinence totale et définitive. C’est-à-dire, non plus comme un dogme mais comme le préalable indispensable pour aborder les soins et assurer leur consolidation à terme. Ils ne stigmatisent plus le produit, mais considèrent en priorité le mal-être de la personne en souffrance.
Leurs missions
Les associations néphalistes, telle Alcool Assistance, associations d’anciens buveurs aidant bénévolement les personnes en difficulté avec l’alcool et leur entourage, ont pour mission principale de soutenir, d’accompagner ces personnes. Elles proposent à leurs adhérents de participer à des groupes de parole, à des activités de loisirs, des conférences, des formations, etc. Certaines de leurs activités peuvent être intégrées dans le champ de la prévention des récidives des conduites addictives (limitation des cas de rechute). Il n’est alors pas question de remettre en cause l’intérêt de ces associations quant à l’accompagnement qu’elles apportent au quotidien des personnes en souffrance. En effet, la solitude est souvent synonyme de rechute, le phénomène d’identification est très fort lorsqu’un ancien buveur parle à un alcoolique, l’aide à supporter et accepter l’idée de ne plus boire d’alcool. Pour reprendre les propos d’un membre d’une association, « l’abstinence, on l’acquiert en milieu médical et on la conserve en milieu associatif ».
La prévention
Mais, depuis quelques années, au sein de certaines associations, une nouvelle mission est apparue, celle de la participation aux actions de prévention, notamment auprès du public jeune. Dans le cadre de cette mobilisation où pouvoirs publics, institutions et associations s’investissent, il est difficile de définir la légitimé et le pouvoir de chacun. Il est avant tout primordial de s’accorder sur la signification du terme prévention. Ensuite, il s’avère nécessaire de savoir si ce champ des actions de prévention est du ressort des associations. Ce type de projets n’est pas à prendre à la légère, et les moyens utilisés sont importants et délicats. De plus, le public jeune est un public particulièrement sensible, qui a des besoins et des attentes spécifiques en ce qui concerne l’alcool, la drogue, et les modalités de consommation.
Il s’agit ici d’intervenir de façon pertinente, selon les connaissances existantes dans ce domaine, les représentations de ces jeunes, et des compétences adéquates et adaptées. Le message transmis se veut différent de celui adressé à un public adulte.